Le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871)
Le siège de Paris
Un jour, l’empereur déclara la guerre à un Roi, le roi de Prusse [19 juillet 1870]. Cette décision ne ravit pas une partie des sujets de l’Empire, et dans de nombreuses villes, on lança des appels à la République. L’empereur se croyait fort et beau. Mais le 2 septembre, ses armées étaient minablement et pathétiquement défaites en la ville de Sedan. Le 4 septembre, dans la capitale Paris, était proclamé la déchéance de l’Empereur et un nouveau régime qu’on appellerait République. La 3e du nom pour la France. Un gouvernement de la défense nationale fut créé, dirigé par un militaire : le Général Trochu.
Ce 4 septembre, nombreux opposants à l’empire recouvrèrent la liberté. Le peuple était en liesse.
« Dans l’après-midi de ce beau jour, le peuple dans son transport de joie, alla ouvrir les portes des prisons, dès que la République fut proclamée. Tous les détenus étaient libres ; un grand nombre voulurent porter en triomphe Henri Rochefort jusqu’à l’Hôtel de Ville. Le peuple lui savait beaucoup de gré de la campagne, qu’il avait menée contre la famille impériale.
Le 5 septembre beaucoup de proscrits rentrèrent en France. Victor Hugo fut du nombre ; lorsqu’il fut reconnu à la gare, il fut accueilli avec un transport incomparable, il eut une véritable ovation, le peuple voulait dételer les chevaux de sa voiture et le porter en triomphe.
Dès le lendemain, paraît-il, il se fit inscrire comme garde national dans son quartier, et son fusil sur l’épaule, il alla aux remparts. »
Victorine Brocher, Une parisienne ouvrière.
La République proclamée, la guerre reprit avec la Prusse. Jamais le peuple n’avait été aussi motivé.
« On savait les Prussiens établis en France – Mais plus terrible était la situation, plus grands étaient les courages. La République fermerait les plaies, grandirait les âmes. La République ! Ce n’était point assez de vivre pour elle, on y voulait mourir. »
Louise Michel, une Parisienne révolutionnaire
Pour la République, le peuple était prêt à mourir. Le royaume de Prusse le lui rendit bien. Il encercla Paris et même l’assiégea. Les armées Prussiennes se placèrent le long des forts construits pour protéger de Paris. Les habitant-e-s des villages alentours se protégèrent dans les murailles.
« Je t’ai écrit ce matin parce que je partais de Pierrefitte d’où j’arrive. J’ai été obligé de revenir à pied jusqu’à Saint-Denis. Le convoi qui devait me prendre à 1h56 a passé une demie-heure plus tôt parce que les Hulans venaient de lui faire une décharge à Orry [ORRY LA VILLE], c’est-à-dire à 36 kilomètres de Paris. On a livré la Plaine au pillage, il y avait au moins 10 000 personnes qui enlevaient pour leur compte, quoiqu’ils ne fussent pas propriétaires, tout ce qu’elles pouvaient emporter de Pierrefitte, on pille toutes les maisons qui ne sont plus habitées et c’est on peut dire la totalité. Le maire et l’adjoint sont partis, le Curé est parti. La garde nationale est partie à Saint-Denis. Les gendarmes partent demain ainsi que le garde champêtre. Le bois de Richebourg est occupé militairement. La grande rue a une forte barricade à l’entrée du côté Soriel. »
Joseph Graffeuil, un Parisien bourgeois,
qui possède une demeure à Pierrefitte-sur-Seine
et des locations à Saint-Denis et La Courneuve.
(Archives municipales de Pierrefitte)
Les Parisiens étaient prêts à mourir donc. Ils organisèrent leur résistance, en créant notamment de nombreux bataillons de la Garde Nationale. Limitée jusque-là, le nombre atteint plus de 300. Il devint même obligatoire de la rejoindre quand on était un homme entre 18 et 60 ans. Les femmes organisaient de leur côté des quêtes, certaines devenaient cantinières ou vivandières. Dans Paris, la contestation grondait. Un Comité central républicain des Vingt arrondissements avait été créé, il visait à forcer le gouvernement de la Défense nationale à prendre des mesures sociales. Certains cercles socialistes tentèrent même de prendre le pouvoir. L’hôtel de ville fut envahi par des Blanquistes [le 31 octobre 1870]. Fut aussi créé un comité de vigilance des vingt arrondissements.
Le siège dure, on avait froid et faim. On suit comme on peut l’évolution des combats, les nouvelles semblent parfois bonnes, de plus en plus mauvaises.
« Trochu [le général qui dirige le gouvernement de la défense nationale] perd de plus en plus la confiance. Pour comble les nouvelles de Chanzy [Général français] sont mauvaises et l’on se dit aujourd’hui qu’au lieu de tenir en échec Frédéric-Charles [Prince prussien et officier], il pourrait bien se faire au contraire que ce soit Frédéric-Charles qui empêche Chanzy d’approcher de nous. Bourbaki [Général français] continue sa marche vers l’Allemagne ainsi nous sommes bien seuls pour nous débloquer et il est vraiment honteux que nous n’en venions pas à bout. Il semble que les troupes sont commandées en dépit du sens commun.
Tout cela joint au rationnement du pain qui n’est que de 300 gr me faisait craindre une émeute dans Paris heureusement il n’en est rien. Tu conviendras que la dose est très juste, il est très peu de personnes qui ne mangent leur livre de pain par jour ; surtout ceux qui n’ont que cela. »
Lettre d’Alix Payen.
Parisienne, du Xe arr.
Des soldats, des vieux et des enfants en bas âge mourraient. Mais Paris, sans aide extérieure, aurait du mal à tenir.
Fin décembre, pour la nouvelle année, commence le bombardement de Paris.
Quelques semaines plus tard [le 22 janvier], une manifestation est convoquée pour refuser la capitulation contre la Prusse et en appelle à des mesures qui aident les Parisiens dans leur combat. Celle-ci est réprimée, des meneurs arrêtés, dont le vieux Delescluze, des journaux sont interdits, ainsi que les clubs – ces lieux où l’on se réunissait pour entendre des orateurs dissertaient sur des grands sujets.
La France capitule, abandonne son Alsace et sa Moselle, signe une dette envers la Prusse.
Une nouvelle organisation populaire est cependant en train de voir le jour : le comité central de la garde nationale. Les Gardes nationaux, hommes du peuple, ne sont pas contents de la politique menée par le gouvernement. Certains décident alors de fédérer leur bataillon.