Les chansons de la Semaine Sanglante
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La Semaine Sanglante dans Il faut venger Gervaise. Découvrez les 4 chansons.
A l’officiel, c’est annoncé, les Versaillais ont attaqué.
Comme dirait l’autre, ces loups sont entrés
Au fort d’Issy et ont tué.
En quoi ça les embête qu’on puisse être heureux ?
Qu’est-ce que ça peut leur faire qu’on s’organise sans eux ?
Pourquoi tant de misères ?
Pourquoi tant de rancœurs ?
Eux que de toute manière ne nous aiment pas en frères.
Nous laisseront-ils un jour ?
.
Nous laisseront-ils un jour ?
Nous qui voulons vivre en paix
Nous qui rêvons de la Sociale
Et d’une république de progrès
Pourquoi tant de misères ?
Pourquoi tant de rancœurs ?
Eux que de toute manière ne nous aiment pas en frères
Et sœurs.
Gervaise est morte !
Là-haut sur la barricade,
une cantinière est tombée
Elle était blanchisseuse
avant la guerre Mais
on efface les travailleuses
Quand la bataille s’en vient
Au sein du bataillon,
une combattante Est morte.
Fille d’une mère
et mère d’une enfant
Mais on ne veut plus de maman
Quand le front se forme
Là-bas une femme qui meurt
Elle combat pour nos filles
lle tient, digne d’être et de produire
Elle résiste à l’oubli en affrontant la mort
[Sabrina, Lise, Wafa, Jasmine, Amel, Sandrine, Sasa, Isée, Delphine, Fatou, Sarah, Berna-dette]
l faut venger Gervaise !
Comme citoyenne, comme travailleuse
Et souffler les braises
De l’émeute.
Le peuple est aussi mère
Il ne rime avec rien
Elle rime avec colère
Il faut venger Gervaise !
Donner son nom à des diocèses
Raconter son histoire aux petits et aux grands
Qu’on l’habille de vêtements de lumière
Qu’elle n’a jamais demandés
Son nom résonne déjà
Il faut venger Gervaise
Pour qu’on ne l’oublie pas
La mort rôde sur la ville
Certains ont entamé l’exil
D’autres sont déjà enfermés
Ils tanguent entre leur devoir de mourir en héros
Et l’offre de partir en bagnard
Avec l’espoir de revenir un jour
Ce n’était qu’un début, poursuivons le combat !
Ils reviendront, rien n’est fini
On n’abandonne pas les siens.
On ne change pas de chemin
C’est l’heure de regarder droit devant soi
Le vide emplit ma vie
Je suis seule sans mon frère
J’entends pleurer ma mère
J’ignore où est mon père
J’ai perdu mes sœurs
Ce n’était qu’un début, poursuivons le combat !
Elles reviendront ceintes de leurs espoirs, fières de leurs victoires
Leurs souffrances et leurs luttes sont miennes
Chaque jour, j’inscrirai leur nom au fronton des mairies
Certaines finiront au Panthéon
Cette liberté qu’on nous reprend
Jamais ne disparaîtra
Tapis dans l’ombre, sourde et prête
À jaillir quand de nouveau
Les ouvriers, les sans rien
Les sans dents, les sans culottes,
Les plébéiens reprendront la parole
Ce n’était qu’un début, ils ne périront pas.
La boue dont on nous couvre
Retournera vers les siens
Quand nous conterons leurs histoires
Quand nous attiserons leurs mémoires
Qu’c’est long 10 ans, ça vaut la peine de célébrer
Le fier retour des condamnés, qui connurent l’exil forcé
J’étais une orpheline, une moins que rien
Une Parisienne sans passé, une pauvre fille du quotidien
Chœurs
« Vive la Louise, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
Gare Saint Lazare, la foule est là, joyeuses sont les acclamations.
« Elles ont lutté en sœur. » ; « Souvent perdu leur mère. »
J’ai regardé tous ces gens-là, j’ai été saisie malgré moi
« Quel est leur nom ? Quel est leur patronyme ? Ont-ils des frères ? »
Chœurs
« Vive la Louise, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
« Moi, je suis une Mercier, M’dame », une orpheline, élevée en commun
Par ma tante et les voisins, et par des rêves de Kanaky
Où, bien malgré eux, trop des nôtres seraient partis
Nous sommes sans nouvelles, nous cherchons nos amis (X2)
Chœurs
« Vive la Louise, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
Par leur regard, j’ai tant compris, cette chaleur humaine, elle m’a pénétré au corps
Et de leurs bras, ils m’ont tenue debout, et de leurs mains, elles m’ont accueillie
« Si tu es là, c’est que tu n’es pas seule, seuls les égoïstes sont orphelins. »
Connais-tu l’histoire des Communeux, ces femmes et ces hommes si valeureux ?
Connais-tu l’histoire des Communeuses, ces hommes et ces femmes si valeureuses ?
« Vive la Louise, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
« Et vive Gervaise, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
« Vive Varlin, Vive Delescluze, À bas les Assassins. »
« Et vive Hortense, Vive la Commune, À bas les Assassins. »
« Vive La Lemel, Vive Dombrosky, A bas les Assassins »
Vive Rosemonde, Et vive Maxime, A bas les Assassin »
« Vive Blanche Lefevre, Et Vive Vallès, À bas les Assassins. »
…
La Semaine Sanglante dans la tradition révolutionnaire
De Jean Baptiste Clément
Sur l’air du Chant des Paysans de Pierre Dupont
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Les heureux mêmes sont tremblants
La mode est aux conseils de guerre
Et les pavés sont tout sanglants
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront
Quand tous les pauvres s’y mettront
Tous ceux qu’on ramasse au hasard
La mère à côté de sa fille
L’enfant dans les bras du vieillard
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges
Valets de rois et d’empereurs
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront
Quand tous les pauvres s’y mettront
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup
Il va pleuvoir des eaux bénites
Les troncs vont faire un argent fou
Et Saint-Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence
Et le bagne se peuplera
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront
Quand tous les pauvres s’y mettront
Refleuriront sur le trottoir
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes
Des sabre-peuple et des curés
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront
Quand tous les pauvres s’y mettront
Sera-t-il donc toujours rivé?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé?
Nous croira-t-elle un vil bétail?
À quand enfin la République
De la justice et du travail?
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront
Quand tous les pauvres s’y mettront
Poème de Rimbaud
Mise en musique par Léo Ferré
Jeanne-Marie a des mains fortes,
Mains sombres que l’été tanna,
Mains pâles comme des mains mortes.
— Sont-ce des mains de Juana ?
Ont-elles pris les crèmes brunes
Sur les mares des voluptés ?
Ont-elles trempé dans les lunes
Aux étangs de sérénités ?
Ont-elles bu des cieux barbares,
Calmes sur les genoux charmants ?
Ont-elles roulé des cigares
Ou trafiqué des diamants ?
Sur les pieds ardents des Madones
Ont-elles fané des fleurs d’or ?
C’est le sang noir des belladones
Qui dans leur paume éclate et dort.
Mains chasseresses des diptères
Dont bombinent les bleuisons
Aurorales, vers les nectaires ?
Mains décanteuses de poisons ?
Oh ! quel Rêve les a saisies
Dans les pandiculations ?
Un rêve inouï des Asies,
Des Khenghavars ou des Sions ?
— Ces mains n’ont pas vendu d’oranges,
Ni bruni sur les pieds des dieux :
Ces mains n’ont pas lavé les langes
Des lourds petits enfants sans yeux.
Ce ne sont pas mains de cousine
Ni d’ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l’usine,
Un soleil ivre de goudrons.
Ce sont des ployeuses d’échines,
Des mains qui ne font jamais mal,
Plus fatales que des machines,
Plus fortes que tout un cheval !
Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !
Ça serrerait vos cous, ô femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins.
L’éclat de ces mains amoureuses
Tourne le crâne des brebis !
Dans leurs phalanges savoureuses
Le grand soleil met un rubis !
Une tache de populace
Les brunit comme un sein d’hier ;
Le dos de ces Mains est la place
Qu’en baisa tout Révolté fier !
Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil d’amour chargé,
Sur le bronze des mitrailleuses
À travers Paris insurgé !
Ah ! quelquefois, ô Mains sacrées,
À vos poings, Mains où tremblent nos
Lèvres jamais désenivrées,
Crie une chaîne aux clairs anneaux !
Et c’est un soubresaut étrange
Dans nos êtres, quand, quelquefois,
On veut vous déhâler, Mains d’ange,
En vous faisant saigner les doigts !