Au devant de la vie

Au devant de la vie

Jeanne Perret / Dmitri Chostakovitch

Dans ses mémoires, la résistante communiste Lise London écrit :

« Notre groupe de jeunes fonctionnant, comme à Rennes, sous la houlette de Roberte Breuilly, s’était enrichi de nombreuses « Ajistes » arrêtées par les miliciens aux abords des maquis dont elles étaient les agents de liaison. Infatigablement, nos jeunes organisaient des jeux, des rondes, des danses. Leur chorale interprétait des chansons folkloriques et aussi les chants soviétiques comme « Ma blonde entends-tu dans la plaine… », « Les Partisans », « Suliko », popularisés par les vacanciers de 1936… A la fin de la journée, toutes – jusqu’aux plus âgées – nous nous laissions entrainer dans leurs farandoles. »

Chanson oubliée aujourd’hui, Au devant de la vie fut la chanson du Front populaire. A partir d’une musique du compositeur soviétique Dmitri Chostakovitch, Jeanne Perret écrit les paroles de ce chant qui exprime la joie des colonies de vacances et des vacanciers de 36, comme le rapporte d’ailleurs Lise London. Chanson d’amour patriotique, ce chant rend parfaitement compte de ce que chantaient les nombreuses chorales révolutionnaires des années 30. Dans une période aussi noire, rarement aura  été autant chantée la lumière. Retrouver la chanson dans les camps d’internement peut sembler tout aussi incongru, mais comment tenaient-ils ces prisonniers si ce n’est en rêvant des lendemains qui chantent ?

On notera que l’autrice des paroles est méconnue. Une recherche sur Jeanne Perret donne aucune information a priori. Quand on cherche Perret et Chanson, c’est ce cher Pierre Perret, qui apparait. Pourtant Jeanne Perret créa les paroles d’Au devant de la vie, mais on la retrouve aussi à la traduction d’un chant russe Les Partisans  et à la traduction française du Einheitsfrontlied , le chant du front uni, chant antinazi créé en 1934 par Bertold Brecht et Hans Eisler.  Cette trace est liée à la présence du nom de Jeanne Perret sur un vinyle contenant deux chansons, Le front des travailleurs et la Varsovienne (numérisés sur le site Gallica). Ce même vinyle rassemble deux autres noms : Roger Désormière et Elsa Barraine, qui sont tous deux associés à une maison de disque Le chant du monde, qui vise à diffuser des chants internationaux, généralement engagés. Jeanne Perret devait être associée à cette maison d’une façon ou d’une autre…

Tous deux furent à l’origine de la création d’un Front National des Musiciens, sorte d’organe professionnelle du Front national pendant la résistance… Elsa Barraine est une compositrice et musicienne, qui mérite d’être connue autant pour sa musique que sa participation à la résistance. Où était Jeanne Perret pendant la guerre ? Mystère pour le moment… Quoiqu’il en soit, sa chanson porta des prisonnières par-delà les barbelés des camps.

 

Ma blonde, entends-tu dans la ville
Siffler les fabriques et les trains ?
Allons au-devant de la bise
Allons au-devant du matin

Refrain
Debout, ma blonde! chantons au vent !
Debout, amis !
Il va vers le soleil levant
Notre pays !

La joie te réveille, ma blonde
Allons nous unir à ce chœur
Marchons vers la gloire et le monde
Marchons au-devant du bonheur.

Refrain

Et nous saluerons la brigade
Et nous sourirons aux amis
Mettons, en commun, camarades
Nos plans, nos travaux, nos soucis

Refrain

Dans leur triomphante allégresse
Les jeunes s’élancent en chantant
Bientôt une nouvelle jeunesse
Viendra au-devant de nos rangs

Refrain

Amis, l’univers nous envie
Nos cœurs sont plus clairs que le jour
Allons au-devant de la vie
Allons au-devant de l’amour.

 

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